Nouvelle guerre autour du bureau Linux

samedi 11 juillet 2009 14h40

Jamais l'activité autour du bureau Linux n'avait été aussi forte. Rien que cette année, Nokia est devenu le premier sponsor du Desktop summit, Intel investit massivement pour créer son propre système: Moblin, et Google vient d'annoncer qu'ils se lancent aussi dans l'aventure avec Chrome OS


Un peu d'histoire

Cette bataille n'est pas la première, il s'agit de la seconde guerre de Linux sur le desktop.

La première manche s'était déroulé à la fin des années 90, quand Linux a commencé à acquérir des fonctionnalités multimédia sérieuse. De nombreuses entreprises (Corel, Mandrake, etc) ont essayé de packager Linux et d'attaquer de front Microsoft.

L'ambition était simple, Windows étant la machine à fric de Microsoft, une petite fraction de ce marché suffirait à payer le développement des éléments qui manquaient à Linux.

Ce mouvement de Linux sur le Desktop échouera et la plupart des entreprises qui s'y étaient lancées ont fait faillite.

Plusieurs facteurs sont intervenus dans cet échec. Premièrement Microsoft a verrouillé le marché des constructeurs, ce qui empêcha la distribution de ces versions de Linux. Ensuite, les entreprises qui s'étaient lancées dans ce marché n'avaient pas les fonds nécessaire pour s'y battre. Et finalement, il ne faut pas le nier, Linux ne rivalisait pas techniquement avec Windows pour le multimedia, et c'est à cette époque que Microsoft a sorti son meilleur Windows: Windows XP.

La seconde vague Linux

Linux continua a prospérer, mais sur le marché des serveurs. Les performances, la stabilité et la sécurité des systèmes Linux ont fournit un vecteur de croissance important pour l'informatique d'entreprises et les applications critiques. Le marché des ordinateurs de bureau resta un no man's land pendant quelques années.

La seconde vague de Linux sur le desktop a été lancé par Canonical avec Kubuntu et Ubuntu. La force de Canonical, c'est le milliardaire Mark Shuttleworth qui finance la distribution quelque soit les pertes financière. Pour la première fois, Linux sur le desktop pouvait avoir une vision à long terme, et Mark Shuttleworth assure une certaine direction au projet.

Les progrès de Kubuntu/Ubuntu ont montré la voie à d'autres. En mai 2007, Dell lance sa première gamme d'ordinateurs avec Ubuntu préinstallé, en juillet 2007, Intel annonce le projet Moblin, en novembre 2007 Google présente Android au public, en juin 2008 Nokia achète Trolltech et annonce en 2009 le passage de Qt en LGPL. Tout récemment, Google a annoncé travailler sur un système d'exploitation nommée Chrome OS.

Le développement de Linux sur téléphone portable est devenu une pierre angulaire de la stratégie des constructeurs (Maemo, Android, Palm Web OS, etc). Désormais, ce sont les mouvements autour du bureau Linux qui sont en train de changer la donne.

L'échec d'Android

Le développement de Linux sur téléphone a aussi été marqué par l'incapacité de Google a réaliser le potentiel de Android. Android connait un certain succès commercial, avec quelques téléphones disponible sur le marché, mais Android a surtout été incapable de mobiliser l'armée de développeurs de Linux.

Android avait du potentiel. Les iPhones n'étant finalement qu'un bel emballage autour d'une belle déception. Apple a ressorti le même téléphone bas de gamme trois années de suite, réalisant des marges ahurissante. Face aux technologies anciennes des iPhones, Android avait la capacité de prendre tout le marché en offrant Linux sur du matériel bien plus haut de gamme.

Pourtant, Android a été incapable de mobiliser les développeurs d'élite de Linux. Finalement, l'ouverture du code de Symbian sous licence libre est en train d'annuler le principal avantage d'Android: la gratuité.

Le problème d'Android a été de refuser systématiquement les technologies existantes sous Linux. Il est normal de vouloir se débarrasser de X11, particulièrement sur téléphones, mais Android a été trop loin et s'est aussi débarrassé de tout le reste. Au dessus du noyau Linux, toute l'infrastructure d'Android a été recréé de zéro, et les développeurs de Google se retrouvent maintenant à devoir pratiquement tout faire par eux même car leur infrastructure n'intéresse pas vraiment qui que ce soit.

Avec la récente annonce de Chrome OS sont venus les craintes d'un nouveau "syndrome Android". Google pourrait offrir les solutions pour se débarrasser de X11, ou pourrait récréer une fois de plus tout depuis zéro et s'aliéner d'avantage la communauté Linux.

Qu'est-ce que vient foutre Nokia là dedans?

La raison de l'implication majeure de Nokia dans le bureau Linux reste un mystère. Nokia a sa propre distribution Linux: Maemo, mais celle-ci n'est utilisée que sur quelques tablettes Internet (qui à priori ne représentent pas le gros des ventes de Nokia).

Une action importante de Nokia a été de rendre Qt gratuit pour les applications commerciale. Cela est bénéfique pour Linux qui gagne un framework de développement de première classe, mais qu'est-ce que Nokia y gagne? Cela reste un mystère.

Le récent mouvement de Intel vers les technologies de Nokia a été accompagné de l'annonce de projets communs autour de Linux. La porté exacte de l'alliance Nokia-Intel autour de Linux reste néanmoins inconnue.